Osez les premiers pas !
Nous vous accompagnons sur le chemin de notre région.
En petit groupe, nous partons dans le respect du rythme de
chacun.
LE MAQUIS (environ 200 000 ha)
Un endroit inextricable aux mille senteurs ! On dit « prendre le maquis » pour fuir et s’y réfugier, mais aussi et
surtout, comme Napoléon, que les exilés reconnaissaient l’odeur de leur Ile et du maquis à plusieurs kilomètres les yeux
bandés… Fleuri tout au long de l’année, le maquis vous dévoilera ses charmes odorants à travers la floraison du lentisque et
du myrte en juillet, celle des cistes blancs et roses en mai et de l’incontournable arbousier en automne. Mais le maquis n’est
pas seulement un paysage, c’est également un élément essentiel de l’écosystème de la vie des corses. De nos jours encore
certains arbustes et autres herbes servent à la conception d’objets traditionnels, de décoration, de produits bienfaisants ou
de luxe et de bien-être… moult applications et exploitations sont donc possibles ! Par pitié donc, préservez-le ! Bien trop
souvent « éradiqué » par les feux, beaucoup de paysages deviennent lunaires sans lui !
Les pozzine (pozzine)
Si l’on décompose le mot, on trouvera i « pozzi » (les puits) et le suffixe « ine » qui
se rapporte à la végétation alpine ainsi qu’au diminutif de petits puits. Les pozzine
sont donc des formations végétales de la haute montagne corse. Ce sont des
pelouses herbeuses et hygrophiles qui font davantage penser à de la mousse qu’à
de l’herbe, formant ainsi des petits trous d’eau de formes diverses et variées grâce à
l’action des cours d’eau. Très sensibles, il faut éviter de les piétiner sous peine de
les voir disparaître d’ici à quelques années étant donné l’accroissement de la
fréquentation de ces endroits, les bordures de lacs et de rivières.
Le myrte
Pouvant atteindre jusqu’à 3 mètres de hauteur, le myrte que l’on trouve
essentiellement en plaine et près de la mer, est un arbuste touffu aux feuilles
persistantes sessiles allongées à nervures centrales marquées. On extrait de ses
baies, la liqueur de myrte qui doit être rouge si elle est naturelle (macération des
baies dans l’eau de vie et ajout de sucre).
L’hellébore de corse (a nocca)
Bien qu’elle soit toxique, cette plante aux grandes et belles feuilles blanches, était
connue autrefois pour ses vertus médicinales populaires. On soignait alors les plaies
des bêtes en faisant chauffer les racines pour récupérer le suc et tuer les vers,
désinfectant ainsi la plaie. Les feuilles de Nocca étaient également utilisées pour la
protection et la conservation de fraîcheur des fromages. Enfin, il n’est pas rare de
trouver aujourd’hui encore en abondance autour des fontaines cette plante dont les
feuilles servent à canaliser l’eau à la sortie du tuyau.
Le thym corse (erba barona)
C’est une plante que vous trouverez dans les régions montagneuses de 500 à 2000
mètres. Essentiellement utilisée en cuisine – tripettes, viandes, sauces – et très
prisée, il ne faut surtout pas l’arracher mais la couper avec des ciseaux !
L’aulne odorant de Corse
Autrefois utilisé pour confectionner les toits des cabanes de bergers, « u Bassu » est
un arbuste endémique qui ne dépasse pas 3 mètres de haut. Ses feuilles sont
poisseuses et son parfum résineux, il pousse le long des torrents.
La férule commune (a ferula)
La férule peut être toxique et dangereuse pour les animaux. Autrefois les bergers
fabriquaient plusieurs objets tels que des tabourets très légers, des attelles pour
fractures, des cannes pour marcher. Pour la reconnaître : la Férule est de grande
taille, sorte de fenouil démesuré, vous la trouverez en bord de route dans les sols
secs et rocailleux, on en voit beaucoup sur la route de Porto.
La grassette
La particularité de cette petite plante est son régime alimentaire… elle est carnivore
! Quand un insecte passe à proximité de ses feuilles charnues et visqueuses ils sont
piégés et englués dans les sécrétions. Ils sont ensuite digérés grâce à une pepsine
contenue dans les glandes des feuilles. Pour la reconnaître, elle fait entre 5 et 10 cm
de long, les fleurs sont blanches et les feuilles vertes disposées à la base de la tige
en pétales de rose, elle devient de plus en plus rare… attention aux doigts !
L’asphodèle
Tantôt appelée Taravellu, tirlu, candellu selon qu’elle soit verte ou sèche,
l’Asphodèle s’adapte à tous les types de terrain. Fleurissant au printemps et séchant
l’été, vous reconnaîtrez l’Asphodèle grâce à sa ligne élancée, 1 mètre en moyenne
de tige verte d’un demi cm d’épaisseur, les 30 derniers cm présentent plusieurs tiges
plus fines fleurissantes par le bout, blanches en général. Autrefois, les anciens
utilisaient l’Asphodèle à des fins spirituelles. Tantôt confectionnées en croix pour
protéger les récoltes, tantôt utilisées par les « Mazzeri » (celles qui sont capables de
jeter un sort), ou encore en torche tout simplement pour s’éclairer… les tiges
d’Asphodèle resteront dans les mémoires comme des épées pour les jeux
d’enfant…
La drosera rotundifolia
Très rare en Corse, on ne la trouve que sur deux sites, très froids et « pozzineux » :
Crena et Moltifao. C’est également une plante carnivore, cette particularité est en
quelque sorte une adaptation à son milieu qui s’est avéré très pauvre en minéraux.
Pour capturer ses proies, elle se sert de ses feuilles tentaculaires terminées par une
goutte gluante. Vous la reconnaîtrez à son allure très particulière : elle présente en
général trois ou quatre tiges se terminant par des boules filamenteuses, ses feuilles
sont vertes et l’on peut apercevoir une petite goutte à leur extrémité.
L’ancolie de Bernard (amore piattu)
Attention, cueillette est interdite !! Elle pousse à l’ombre des rochers entre 1 000 et 2
500 mètres d’altitude. Cette petite fleur bleue à l’air si délicat, mesure de 5 à 10 cm,
au bout de sa tige, la fleur semble vous regarder. Ses feuilles sont vertes et
ressemblent à de gros trèfles.
Le serapias (boca di gallu)
Le Serapias est une plante de 10 à 30 cm qui pousse essentiellement autour des
mares et marécages, et fleurit en avril. Très jolie, la base de sa tige est verte pour se
dégrader progressivement vers les tons orangers.
L’arbousier (l’Albitru)
Arbuste du maquis de 0 à 900 mètres, il est très souvent entouré du ciste et de la
bruyère, la fleur est la composante principale du miel d’hiver (il fait ses fruits de
novembre à janvier). Son fruit rond, rouge, jaune ou vert selon la maturité, a une
saveur douce et sucrée et sert très souvent à la fabrication de confitures, gelées ou
eau-de-vie. Sachez néanmoins qu’il serait fortement déconseillé aux épileptiques.
On le repère facilement en observant le maquis car c’est un arbuste de 2 à 6 mètres
qui présente la caractéristique d’avoir des fruits colorés et des fleurs blanches
quasiment tout au long de l’année.
La Pivoine de Corse (U Pavone corsu)
De son nom scientifique « Paomia Mascula », deux variétés sont présentes sur l’île :
la méditerranéenne Russoi et la variété Corsica, spécifique à la Corse (on rencontre
surtout ses grandes fleurs roses dans le sud de la Corse). Malheureusement c’est
une espèce qui se raréfie. Ce phénomène étant dû à une cueillette trop importante.
Le pin laricio (U Lariciu)
Majestueux et parfumé, tel est son nom de code ! On peut le reconnaître facilement
par l’extrême droiture de son tronc – qui servait d’ailleurs autrefois aux romains à
confectionner les mâts de leurs bateaux – dans les forêts d’Aitone, Valdu Niellu,
Vizzavona et Bavella entre 800 et 1 800 mètres, estimées aujourd’hui à environ 50
000 hectares. Jusqu’à 50 mètres de hauteur pour 2 mètres de diamètre pour les
plus anciens (certains vont jusqu’à 400 ans), le pin Lariciu est une composante
emblématique de nos forêts. On le reconnaît à ses petites pommes de pin. Vous
comprendrez à présent la haine de certains insulaires lorsqu’ils assistent
impuissants aux ravages des feux durant la saison estivale sur des arbres
séculaires gages de mémoire…
Le chêne vert
Pourtant court et trapu en général, le chêne vert peut parfois atteindre jusqu’à 20
mètres de haut, à des altitudes variant autour de 500 mètres. Son fruit est le gland, il
est particulièrement apprécié par les porcs coureurs. On le distingue des autres
chênes par son écorce présentant de fines gerçures. Ses feuilles vertes dentées et
épineuses ressemblent à celles du houx, son nom scientifique ne laisse d’ailleurs
aucun doute là-dessus : « Ilux ». Son bois est particulièrement apprécié entre autre
pour le chauffage. Malheureusement trop souvent victime du feu, le chêne vert voit
son évolution tellement freinée qu’il peut arriver de le trouver sous forme
buissonnante !
L’olivier
C’est un arbre vivace qui pousse dans les sols pierreux sur le littoral jusqu’à 600
mètres d’altitude. Sa taille varie selon qu’il soit taillé (3 ou 4 mètres) ou non taillé (de
10 à 15 mètres). On le reconnaît facilement par ses petites feuilles gris-vert
persistantes, dures et allongées, ses fleurs sont disposées quant à elles en grappes
à la base des feuilles. Les fruits sont les légendaires olives vertes puis noires
arrivées à maturation. L’Olivier fleurit au mois de mai ou juin. Sachez également que
le bois de l’Olivier est très apprécié en menuiserie artisanale (car il est très dur et
très veiné !). Autrefois utilisé par les anciens pour guérir la fièvre – on dit alors qu’il
est fébrifuge – (en corse la fièvre se dit « a freba »), on parle également de l’Olivier
comme de l’arbre immortel ! Ce surnom est dû au fait que même le tronc détruit, de
ses rejets peut renaître un arbre !
Vous trouverez beaucoup d’oliviers en Balagne sur les coteaux ensoleillés. L’Olivier
est encore relativement bien exploité en Corse où il n’y a pas de gel, la récolte peut
donc se faire normalement par la chute naturelle des olives, ce qui explique peut-
être en partie ce goût unique de l’huile d’Olives corses…
Le châtaignier
Aussi légendaire en Corse que le pin Lariciu, le châtaignier est une des
composantes essentielles de la vie culinaire insulaire. Il est en effet très exploité
pour ses fruits. A l’époque des Génois, la production et l’exploitation de châtaignes
prit une telle ampleur qu’on donna à une certaine région le nom de… Castagniccia
(en corse la châtaigne se dit « a castagna »). Son bois blanc jaune un peu rosé
ressemble au chêne avec les mailles en moins. Il est très apprécié pour sa
robustesse et sa beauté dans la construction de charpentes, escaliers, parquet et
autres meubles de valeur, pour ne pas dire de luxe.
L’Eucalyptus (l’Ocalitu)
« Eucalyptus… ton odeur, ton parfum m’enivrent à en perdre la raison… mais pas
mon chemin… tu es mon guide, frère de la myrte, la bruyère et du ciste pour me
guider jusqu’à mon île aux mille senteurs. Quel bonheur de te voir danser sous le
vent et fleurir au printemps… ». Vous l’aurez compris, l’Eucalyptus est
essentiellement connu pour son parfum, comme partout ailleurs me direz-vous, oui
mais ici son odeur est décuplée par la proximité des autres fragrances du maquis !
Saviez-vous à ce propos que c’est un des meilleurs agents anti-viraux et
antiseptiques, c’est d’ailleurs pour cette raison que l’on en met dans les saunas pour
assainir l’atmosphère. A part ça, le conseil d’U Biancu : lorsque les fruits et certaines
feuilles tombent (surtout par grand vent), ramassez-les et faites brûler dans la
cheminée les fruits en mettant les feuilles à côté du feu… on se croirait alors dans
un sauna !
Qu’est ce qu’on trouve Sous la mer.
La posidonie (a fulasca – erba marina)
Lorsqu’on sait que son nom lui a été donné en rapport au dieu de la mer Poséidon
on imagine à quel point cette algue est prestigieuse ! La posidonie est une plante
verte qui forme de vastes prairies sur le sable où se niche une grande diversité de
poissons venus se cacher d’un intrus ou tout simplement pour frayer à la période
venue. Cette plante à fleurs est endémique à la Méditerranée et fleurit en automne.
Outre le fait d’être belle, cette plante – naguère vivant sur les continents – est un
formidable atout pour les fonds marins. Elle est en quelque sorte l’équivalent des
forêts sur la terre ferme tant il est vrai qu’elle fournit énormément d’oxygène pour le
milieu marin, elle permet également de fixer les fonds sablonneux, elle produit des
matières végétales et protège les plages en atténuant la houle. Une grande quantité
de cette fleur est gage de bonne santé du milieu marin dans lequel elle évolue, c’est
pourquoi leur présence en grand nombre sur certaines plages du littoral, même si ce
n’est pas très esthétique, est nécessaire au bon fonctionnement de tout un
écosystème complexe !
La fleur de Posidonie, malgré son nom enchanteur n’est pas la seule dans nos eaux
magiques, il existe également bon nombre d’algues brunes, vertes, rouges qu’elles
soient dures ou molles, grandes ou petites, à vous de les découvrir au fil de vos
plongées…
La nature au fil de vos pas
c’est tout le plaisir en marchant
Les Ruines de Pruna